Le persistant, le plein de repentir : AbdAllah ibn Omar

Publié le par ibn el mouslim(a)

Posté le 16 janvier 2002 à 03h21 - Extrait de "Rijal hawal Rassoul" de Mohammad Rida. Numérisé et revu par l'Equipe d'Al-Mourabitoune

Il s'exclama à la fin de sa vie : « J'ai prêté serment d'allégeance à l'Envoyé d'Allah . Je n'ai jamais prêté serment de fidélité à un perturbateur... Ni réveillé un croyant de son lit... »

Ces mots résument avec intégralité la vie d'un homme vertueux qui a vécu plus que 80 ans. Sa relation avec l'Islam et le Prophète a débuté alors qu'il avait treize ans, quand il a accompagné son père dans l'expédition de Badr, en ayant le souhait d'avoir sa place entre les combattants (Moudjahiddines), si le Prophète ne l'avait pas renvoyé à cause de sa jeunesse.

Depuis ce jour, même avant qu'il ait accompagné son père pour faire l'hégire à Médine, la relation du petit garçon à la virilité précoce commença avec le Messager et l'Islam.

Et depuis ce jour et jusqu'à sa mort et sa rencontre avec son Seigneur à l'âge de 85 ans, nous retrouvons chez lui la persistance et le caractère pénitent sans dévier du chemin qu'il a tracé même d'une distance de la grandeur d'un poil, ni de trahir un serment ou un engagement. Nombreux sont les fastes qui nous attirent vers Abdullah Ibn Omar . S'agit-il de sa science, sa modestie, la droiture de son dogme consciencieux, sa générosité sa piété, sa persistance dans l'adoration et son attachement au bel exemple (Le Prophète).

De tous ces fastes et mérites, Ibn Omar a façonné sa personnalité et sa vie pure et sincère. Il a appris de son père «Omar Ibn Al Khattab » tant de biens... et appris avec son père toute la bonté et la grandeur du Messager de Allah . Il a comme son père bien cru en Allah et en son Messager . Puis sa persistance à suivre les pas du Prophète était une oeuvre qui éblouit les esprits.

Il regardait ce que faisait le Messager pour l'imiter minutieusement et avec humilité. Là où le Messager priait, Ibn Omar priait. Là où le Messager se tenait debout ou assis pour invoquait Allah, Ibn Omar le faisait également. Un jour le Messager descendit de sa chamelle et pria deux raka'ts à un certain endroit. Ne nous étonnons pas de voir Ibn Omar faire de même chaque fois qu'il voyageait et passait par ce même endroit. Il se rappelait que la chamelle du Messager avait fait deux tours à cet endroit de la Mecque, avant que le Messager soit descendu de son dos pour prier les deux raka'ts. Peut-être que la chamelle avait fait ceci instinctivement pour être à l'aise. Mais Abdallah Ibn Omar lorsqu'il arrivait à cet endroit, faisait chaque fois tourner son chameau deux fois puis il faisait une prière de deux raka'ts. Il refaisait, comme il avait vu le Messager d'Allah faire.... exactement !

Son excès de zèle impressionna Aïcha la mère des croyants qui a dit: «Personne ne suivait les attitudes du Prophète comme le faisait Ibn Omar»

Il a passé sa longue vie bénite ainsi jusqu'au jour où l'un des musulmans dit: «Ô Mon Seigneur Laisse Abdullah Ibn Omar vivre tant que je suis en vie afin de le prendre comme modèle à suivre, car je ne connais un autre que lui qui puisse montrer (aussi parfaitement) comment les premiers musulmans faisaient leurs pratiques religieuses..»
De la même manière que son imitation des pratiques du Messager et de sa «Sunna» devait être parfaite, Abdallah Ibn Omar évitait de rapporter les hadiths prophétiques s'il ne les savait mot à mot. Ses contemporains ont dit:
«Il n'y avait parmi les compagnons du Messager qui soit plus méticuleux qu'Abdullah Ibn Omar en rapportant ses hadiths sans rien ajouter ou omettre !.. »
Aussi il était très prudent dans ses jurisprudences. Un jour un homme est venu lui demander une question de jurisprudence, et quand il posa à Ibn Omar la question il lui a répondu: «Je ne connais ce que tu demandes». A peine cet homme fut éloigné de quelques pas d'Ibn Omar, qu'il se frotta les mains et dit joyeusement en soi-même: « On a posé à Ibn Omar une question et a répondu qu'il ignore la réponse !» Il avait peur de donner une jurisprudence afin de ne pas se tromper, malgré qu'il suivait les enseignements d'une religion grandiose qui accorde une récompense à celui qui, selon ses propres lumières, donne un faux jugement et une récompense double pour un jugement juste. Mais sa piété lui ôtait le courage de donner une jurisprudence. Ainsi il refusait le poste de juge. La fonction du juge était le plus haut poste du gouvernement et de la société, car elle garantissait à celui qui l'acceptait la richesse, la fortune et la gloire...

Mais à quoi bon servent à Ibn Omar « le fervent » la richesse, la fortune et la gloire ?

Un jour le Khalife Othman convoqua pour le nommer juge, il s'excusa avec persistance malgré l'insistance de Othman. Othman lui demanda: «Me désobéis-tu?? » Ibn Omar répondit:
«Non. On me fit savoir qu'il y a trois sortes de juge :
Un juge ignare qui ira à l'Enfer. Un juge qui prononce ses sentences selon son gré, il ira à l'Enfer également. Et un juge qui prononce des sentences justes et cela lui suffit car il n'aura ni récompense ni fardeau. Et je t'adjure par Allah de m'en dispenser»
.
Othman l'excusa en le faisant jurer de ne raconter à personne ce qui s'est passé. Car Othman connaissait l'affection des gens pour Ibn Omar, en craignant que les hommes vertueux l'imitent en refusant la fonction du juge ainsi il ne retrouvera pas un homme vertueux pour assumer le poste de juge. Cette attitude peut apparaître négative pour Abdallah Ibn Omar . Mais il ne l'est pas en effet car Abdallah Ibn Omar ne s'est pas abstenu de devenir juge comme étant le seul digne de ce poste mais il y avait beaucoup parmi les Compagnons du Messager qui étaient fervents et vertueux et occupaient le même poste. Et le refus de Ibn Omar, ne pouvait altérer la fonction de juge ni la laisser à ceux qui ne la méritent pas, mais il a préféré de rester indépendant en s'adonnant à des multiples pratiques cultuelles.

A cette époque l'Islam avait conquis plusieurs pays, l'argent affluait en abondance et les postes du commandement se multipliaient. La convoitise de la richesse et des postes commença à s'infiltrer dans les coeurs des croyants. Alors quelques uns des compagnons du Messager et parmi eux Ibn Omar voulaient combattre cette nouvelle fièvre en donnant l'exemple par leur piété leur ferveur et leur abstinence d'assumer la responsabilité des grands postes, et ils voulaient abattre la séduction de ces fonctions.
Ibn Omar était comme le frère de la nuit, il s'y levait pour prier, et l'ami de l'aurore où il passait le temps en pleurant et implorant le pardon de Allah. Il a eu dans sa jeunesse une vision dont l'interprétation a fait de sa prière nocturne le comble de sa joie...
Ecoutons le nous raconter sa vision:
« J'ai vu au temps du Messager de Allah comme si j'avais à la main une pièce d'un tissu en brocart qui me transportait là où je voudrais en paradis. J'ai vu deux hommes s'approcher de moi pour me prendre à l'enfer, un ange les empêcha.. Et me dit: «N'aie pas peur», ils me laissèrent... »
Hafsa ma soeur raconta au Prophète ma vision, il lui répondit: «Abdallah est un excellent homme si il prie la nuit autant qu'il le pourra». Et depuis ce jour et jusqu'à sa mort il n'a cessé de se lever la nuit pour prier qu'il soit en voyage ou résident. Il priait, récitait le Coran invoquait Allah. Comme son père, ses yeux fondaient en larmes quand il entendait réciter des versets qui contenaient des avertissements.
Oubaïd Ibn Omar a rapporté: "Un jour j'ai récité à Abdallah Ibn Omar ce verset: « Comment seront-ils quand Nous ferons venir de chaque communauté un témoin et que Nous te (Muhammad) ferons venir comme témoin contre ces gens-ci? Ce jour-là, ceux qui n'ont pas cru et ont désobéi au Messager, préféreraient que la terre fût nivelée sur eux et ils ne sauront cacher à Allah aucune parole. » [Sourate An-Nisa' 4 : 41-42] Ibn Omar pleura et ses larmes mouillèrent sa barbe". Un autre jour assis entre ses frères il récita: «Malheur aux fraudeurs qui, lorsqu'ils font mesurer pour eux-mêmes exigent la pleine mesure, et qui lorsqu'eux-mêmes mesurent ou pèsent pour les autres, [leur] causent perte. Ceux-là ne pensent-ils pas qu'ils seront ressuscités, en un jour terrible, le jour où les gens se tiendront debout devant le Seigneur de l'Univers? » [Sourate Al-Mutaffifune 83:1-6] Puis le répéta le verset: « Le jour où les hommes se tiendront debout devant le Seigneur des mondes ». Et ses larmes coulaient à flots jusqu'à ce qu'il perdit connaissance et tomba par terre. Sa générosité, son ascétisme et sa piété se confinaient dans un art suprême pour former les vertus de cet homme grandiose. Il donnait en abondance car il était pieux. Il ne se souciait guère que sa générosité ne le laisse indigent parce qu'il était ascète. Ibn Omar avait des revenus abondants car il était commerçant intègre bien réussi, sa part du trésor était grand mais il n'a pas économisé pour lui même car il donnait aux pauvres et aux nécessiteux.
Ayoub Ibn Wael Al-Rassibi nous raconte un de ses actes généreux, il dit qu'un jour Ibn Omar avait reçu quatre milles Dirham et un tissu en velours. Le lendemain Ibn Wael l'a vu au marché acheter de la nourriture pour sa monture à terme. Ibn Wael se rendit chez la famille d'Ibn Omar et lui demanda: «Abi Abdel Rahman (Ibn Omar) n'a-t-il pas reçu hier un tissu et quatre mille? » Ils répondirent que oui. Alors il reprit: «Mais je l'ai vu aujourd'hui au marché acheter de la nourriture pour sa monture sans avoir les moyens ». Ils lui répondirent: «Il ne s'est pas endormi hier sans avoir tout distribuer puis il prit le tissu sur son dos et sortit. A son retour comme il ne l'avait pas, nous lui demandons à son sujet, il nous dit qu'il l'a donné à un pauvre! »
Ibn Wael sortit se frappant des mains jusqu'à son arrivée au marché, prit sa place sur un promontoire et s'écria: «Ô commerçants. Que faites-vous en ce bas monde, voilà Ibn Omar qui, recevant des milliers de Dirhams les distribue puis s'endette pour acheter la nourriture de sa monture ??!! Or celui dont Mohammed était son maître et Omar son père, il est grandiose et digne de toute grandeur ! »

La générosité de Ibn Omar, son ascétisme et sa piété, ces trois qualités montrent la vraie filiation paternelle.
Car celui qui s'exerçait à imiter le Messager jusqu'à même arrêter sa chamelle où le Messager a arrêté la sienne en disant: «J'espère que ses pattes tombent sur les traces de la chamelle du Prophète ! »
Et celui dont la piété filiale et l'admiration réservée au père, l'ont fait parvenir à sa personnalité redouté par les ennemis... Comme par les proches et les fils. Je dis: Il ne convenait pas à un tel Messager et à un tel père de devenir l'esclave de l'argent. L'argent affluait abondamment chez lui mais il ne faisait que passer sans y demeurer. Sa générosité n'était pas un moyen pour s'enorgueillir, ou pour que les hommes en parlent.
Il le réservait aux pauvres nécessiteux, et c'était rare qu'il se mettait seul à table sans être accompagné, d'orphelins et de pauvres. Il reprochait souvent, à ses enfants lorsqu'ils conviaient les riches, et laissaient les pauvres, en leur disant: «Vous conviez les rassasiés et vous laissez les affamés ! »
Les pauvres connurent son affection pour eux et goûtèrent la douceur de sa bonté. Ils se mettaient sur son chemin afin qu'il les amena chez lui. Et quand il les observait, et ils s'assemblaient autour de lui comme les essaims d'abeilles autour des fleurs pour en prendre le nectar..!

L'argent entre ses mains était serviteur et non pas maître.

Cet argent qui lui servait pour la subsistance et non pas pour le bien-être. Il n'appartenait pas à lui tout seul mais les pauvres en avaient une part égale à la sienne sans distinction.

Son ascétisme le seconda dans cette générosité, Ibn Omar ne s'adonnait pas à la vie et ne le cherchait pas, plutôt il ne gardait que ce qui lui suffisait pour sa subsistance et cacher sa nudité.

Un de ses frères coreligionnaires venu de Khorasan lui donna un cadeau, un vêtement soyeux et élégant en lui disant:
«Je t'ai cherché ce vêtement de Khorasan et je serai tellement joyeux de te le voir portée à la place de ton vêtement râpé». Ibn Omar lui dit: «Fais voir!». Il le toucha et demanda: «Est-ce de la soie?». Son compagnon lui dit: «Non c'est du coton». Abdallah le contempla pour un instant, puis il le lui rendit de sa main droite en disant: «Non.. J'ai peur sur ma propre personne, j'ai peur qu'il me fasse orgueilleux et Allah n'aime pas l'insolent plein de gloriole ! ».

Un jour un ami lui donna un récipient rempli, comme cadeau. Ibn Omar lui demanda qu'est-ce que c'est ? Il lui répondit: «C'est un remède je te l'ai apporté de l'Irak». Et Ibn Omar de répliquer: «A quoi peut servir ce médicament ?». L'ami rétorqua: «Pour bien digérer». Ibn Omar sourit et dit à son compagnon: « La digestion ? Je n'ai jamais mangé à satiété depuis quarante ans. »
Celui qui n'a mangé à satiété depuis quarante ans n'a pas laissé sa nourriture pour une avarice mais par ascétisme en imitant le Messager et son père. Il avait peur qu'on lui dise le jour de la résurrection: «Vous avez dissipé les excellentes choses que vous possédiez durant votre vie sur la terre». Il savait que dans le bas monde, il n'est qu'un visiteur et un passager.

Il parla de lui même et dit: « Je n'ai pas posé une pierre sur une pierre ni planté un palmier depuis la mort de Messager ... » Maïmoun Ibn Mahran a rapporté : « J'ai été chez Ibn Omar et j'ai évalué à cent dirhams tout ce qui se trouvait chez lui comme matelas, couvertures, tapis et autres choses »
Ce n'était pas à cause de sa pauvreté car Ibn Omar était riche. Ni par avarice car il était généreux. Mais par ascétisme, son mépris de la richesse, et son attachement à son idéale de sincérité et de piété... Ibn Omar vécut longuement dans «l'ère Amaouite» où l'argent affluait en abondance et la prospérité avait laissé les traces sur les demeures, plutôt les châteaux.

Et malgré tout ça cet homme est resté inébranlable ne quittant sa voie ni son ascétisme ni sa piété.
Quand on lui rappelait des jouissances du bas monde qu'il fuyait, il répondit: «Je me suis mis d'accord avec mes compagnons sur un fait et j'ai peur de ne plus les rejoindre si je les trahis».
Puis il fit savoir aux autres qu'il n'a pas laissé la vie par faiblesse, puis il leva les mains au ciel et dit:
«Grand Allah! Tu sais bien que si ce n'était par crainte de Toi, nous aurions surpassé les Koraïchites dans (l'amour de) ce bas monde».
Sans doute, si ce n'était par crainte de son Seigneur, il aurait rivalisé les autres dans le bas monde et l'aurait emporté sur eux.
Il n'avait même besoin d'être rivalisé, car la vie mondaine le poursuivait par son opulence et sa séduction. Est-ce qu'il y a de plus séducteur que le poste du calife ! Cette fonction fut proposée à Ibn Omar plusieurs fois et lui la refusait. Il fut même menacé d'être tué s'il refusait encore, mais il n'a fait que persévérer dans son refus.

Al Hassan dit: Quand Othman Ibn Affan fut tué on dit à Abdallah Ibn Omar: «Tu es le maître des gens et le fils d'un maître fais ton apparition afin de demander aux gens de te prêter serment de fidélité». Il répondit: «Par Allah si je le pouvais, je ne laisserais couler une goutte de sang à cause de moi. » On lui réitéra: «Tu acceptes ou nous te tuons sur ton lit». Il leur répéta ce qu'il avait dit la première fois.
Ils lui inspirèrent le désir de ce poste. Ils le menacèrent, sans toutefois recevoir aucune réponse!
Et puis après pendant que le temps s'écoulait et les troubles se multipliaient, Ibn Omar était toujours l'espoir. Les gens l'invitaient à accepter la fonction de calife mais il refusait toujours.
Il se pouvait que ce refus ne devienne un reproche contre Ibn Omar . Mais il avait sa logique et son excuse.

Car après la mort de Othman l'état des choses s'était dégradé d'une façon qui annonçait le mal et le danger...
Ibn Omar même s'il refusait la grandeur de la fonction du calife, il accepta enfin d'assumer cette responsabilité, mais à condition que tous les musulmans le choisissent volontairement sans qu'il n'oblige une seule personne à le suivre à coup d'épée, car cela déplaisait à Ibn Omar autant que le califat. À cet époque, ceci était impossible car malgré son mérite et l'unanimité des musulmans et leur respect et affection pour lui, le pays était tellement vaste et les discordes s'étaient agrandies entre les musulmans les rendant des sectes qui se combattaient. Le temps n'était pas propice à cette unanimité que demandait Abdallah Ibn Omar comme condition.
Un jour un homme le rencontra et lui dit: «Je n'ai vu plus pire que toi pour la communauté de Mohammed».
Ibn Omar lui répondit: «Et pourquoi? Par Allah je n'ai tué personne ni clivé leurs partis, ni être rebelle».
L'homme lui réplique: «Si tu le voulais jamais deux personnes ne seraient en désaccord à ton sujet».
Ibn Omar rétorqua: «Je n'aime pas que ce califat me soit disponible alors qu'un homme dise: «Oui» et un autre dise: «Non».
Même après que les événements ont pris une longue durée et Mouâwiya prit le pouvoir puis Yazid, puis Mouâwiya le 2éme le fils de Yazid qui abdiqua après quelques jours.
Même jusqu'à ce jour, alors qu'Ibn Omar est devenu vieil homme, les gens espéraient toujours le voir prendre en main le pouvoir. Marwan est allé chez lui dire: «Viens qu'on te prête serment de loyauté,tu es le maître des arabes et le fils de leur maître. Ibn Omar lui dit: « Que ferons-nous des gens de l'orient: » Marwan lui répondit: «Nous les combattons jusqu'à ce qu'ils prêtent ce serment. » Et Ibn Omar de répliquer: «Je n'aime pas avoir 70 ans et un homme se tue à cause de moi »
Marwan le quitta en chantant: « Je vois une discorde qui bouille pour le gouvernement après Abi Leila à celui qui l'emporte », Abou Leila étant Mouâwiya Ibn Yazid.

Ce refus d'utiliser la force et l'épée a porté d'Ibn Omar de prendre la neutralité dans la guerre civile entre les alliés d'Ali et ceux de Mouâwiya en lançant ce slogan: «Celui qui dit accourez à la prière je lui répondrai. Celui qui dit accourez à la réussite je lui répondrai. Mais celui qui dit tue ton frère musulman et prends son argent je lui répondrai: «Non ! » .
Mais dans son isolation et sa neutralité il ne se mit pas du côté de l'erreur » Car il a tellement confronté Mouâwiya dans sa grandeur de façon à le perturber et le rendre confus, jusqu'à ce que Mouâwiya a menacé de le tuer, lui qui a dit: «S'il y avait entre moi et les gens un poil il ne serait jamais coupé».
Un jour Al Hajjaj sermonnait et dit: «Ibn Zoubaïr a falsifie le livre de Allah». Ibn Omar lui cria au visage: «Tu mens, tu mens, tu mens». Al Hajjaj fut foudroyé lui, que tout le monde le redoutait, alors il commença à promettre à Ibn Omar le châtiment.

Alors Ibn Omar leva le bras au visage de Hajjaj devant les gens ébahis et lui dit: «Si tu exécutes ce que tu me promets je ne saurais m'en surprendre car tu es un blasphémateur et un tyran».
Mais malgré sa force et son courage il resta jusqu'à ses derniers jours à l'écart de tous les troubles armés refusant de prendre le parti de quiconque.

Abou Al-Alia Al Bara a dit: « Je marchais un jour derrière Ibn Omar sans qu'il le sache, je l'ai entendu se dire: « Portant leurs épées se tuant les uns les autres en disant: Ô Abdallah Ibn Omar tend la main ! »
Et il se morfondait d'angoisse et de haine en voyant le sang des musulmans couler par leurs mains !
II était comme nous l'avons déjà cité au début de chapitre: «Il ne réveillait pas un croyant de son sommeil».
Et s'il pouvait empêcher la lutte et préserver le sang il l'aurait fait mais les évènements étaient plus forts que lui alors il s'est retiré.
Il avait le cÅ“ur pour Ali même il était sûr de ce sentiment, on rapporta qu'il a dit vers la fin de sa vie : «Si je regrette une chose, c'est que je n'ai pas combattu le parti tyrannique aux côtés d'Ali ! »
Mais lorsqu'il a refusé de combattre au côté de l'Imam Ali qui avait raison, il ne l'a pas fait pour fuir ou se sauver mais pour réprouver ce différend d'éviter la lutte et lui mettre fin, cette lutte qui n'était pas entre musulmans et polythéistes mais entre musulmans qui se dévorent les uns les autres...
Il a expliqué ceci clairement quand Nafé lui a posé la question: «Ô Abou Abdel Rahman tu es le fils d'Omar et le compagnon du Messager et tu es ce que tu es tel et tel qu'est-ce qui t'empêche de secourir Ali ? »
Il lui répondit: « Ce qui m'a empêché c'est qu'Allah a rendu le sang du musulman sacré. Allah dit: «Et combattez-les jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus d'association, et que la religion soit entièrement à Allah. Puis, s'ils cessent (ils seront pardonnés car) Allah observe bien ce qu'ils oeuvrent.» [Sourate Al-Anfal 8:39]
Nous l'avons déjà fait et combattu les polythéistes jusqu'à ce que la religion soit entièrement à Allah, mais aujourd'hui pour qu'elle raison combattons-nous ?
J'ai combattu au moment où les idoles remplissaient le Temple sacré,de la pierre noire jusqu'à la porte, jusqu'à ce que Allah ait purifié la terre des arabes. Devrai-je aujourd'hui combattre - celui qui témoigne qu'il n'y d'autre Allah qu'Allah? » Telle était sa logique son excuse et sa conviction.

Il n'a donc pas fuit le combat pour se sauver ou pour être impartial, mais plutôt pour désapprouver la guerre civile et pour qu'un musulman ne porte le sabre contre un autre musulman.
Abdallah Ibn Omar a vécu longuement. Il était contemporain des jours où les portes du monde s'ouvrirent pour les musulmans et l'argent fut abondant et les fonctions se multiplièrent pour laisser la voie aux ambitions et aux aspirants...
Mais sa force psychique incomparable a changé l'alchimie du temps ! Elle a rendu l'ère, l'ambition, l'argent et les troubles pour lui des jours de piété et de paix qu'il avait passés en s'adonnant à ses pratiques cultuelles, son ascétisme et sa fierté. Il jouissait toujours de sa nature qu'il avait formée lors de sa conversion à l'Islam.
Et au milieu des marées des tentations et des plaisirs du siècle, Ibn Omar vivait avec ses vertus ne s'occupant que de son évolution spirituelle. Et il a réalisé de sa vie vertueuse ce qu'il aspirait, ses contemporains l'ont décrit: «Ibn Omar est mort comme Omar mourut: vertueux».

Il plaisait aux gens épris par ses vertus de faire une comparaison entre lui et son père, en disant: «Omar à son époque avait des semblables quant à Ibn Omar nul ne lui était semblable».
Et c'est une exagération dont le mérite d'Ibn Omar l'expie.. Quant à Omar personne ne lui était semblable et nul ne le serait dans les siècles à venir.

A la 73ème année de l'Hégire. Le soleil se coucha et un vaisseau de l'éternité leva l'ancre se dirigeant vers l'au-delà, chez le plus haut compagnon portant le corps d'un homme qui représentait l'époque de la révélation à son début... A la Mecque et à Médine. Il n'est autre que Abdullah Ibn Omar .

Publié dans Biographies

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